Qu’elles passent par du repos intensif ou des activités à outrance, l’enjeu des vacances est de recharger ses batteries en se faisant du bien et, à la fois, de profiter des personnes qu’on aime. Mais gare à préserver son espace et celui du couple dans la multitude effervescente !
Vivent les vacances en famille ou entre amis ! Passer du temps tous ensemble, sans école, sans horaires de travail. Explorer, découvrir, visiter, et puis faire des châteaux de sable ou des randonnées, pratiquer des sports ou des jeux, organiser des soirées pizzas ou des après-midis crêpes, arpenter des paysages ou des parcs d’attraction, avaler des Marvel ou des Walt-Disney, lire des romans, des BD, allumer le barbecue, gonfler le bateau, partager des grasses matinées et des tonnes de câlins, construire des voyages au loin ou juste à côté, faire des centaines de photos, amasser des milliers de souvenirs… Quel bonheur ! L’été, saison des « grandes vacances », est le temps privilégié des familles et des copains de toujours pour s’offrir du temps ensemble et s’extraire de la routine. Si possible au plein air, en comptant sur un soleil généreux. La vie prend un autre goût soudain. En bermuda, en robe légère, tout semble si détendu ! Plus besoin de faire sonner le réveil – sinon pour accompagner les enfants au cours de voile (mais on peut toujours y aller en pyjama et hirsute et revenir avec des croissants). Débarrassé des contraintes habituelles, l’espace devient plus grand ; un vent de liberté souffle sur les pendules ; entre les virées, on se repose, on savoure, on échange, on rit, on se retrouve… A moins qu’il ne faille pas idéaliser ces vacances all-inclusive ?
Pour peu que l’on emporte dans ses valises quelques conflits mal éteints, des doutes, un mal-être, ou des préoccupations professionnelles (et les objets hyper-connectés qui nous y relient…), et le stress s’invitera. Pour peu que le couple déplace au soleil son désaccord sur le partage des tâches ou le cadre à donner aux enfants, pour peu que Monsieur ne supporte pas sa belle-mère ou que Madame en ait assez de passer ses étés dans une maison pleine à craquer où l’on est jamais moins de quatorze à table… les huîtres et le petit vin blanc leur resteront en travers de la gorge. Chacun fait, fait, fait c’qui lui plait, plait, plait… ? En réalité, congé ne rime pas toujours avec liberté.
Bienfaits pour vous !?
S’il s’agit de partir en famille, où qu’elle aille, celle-ci véhicule avec elle ses contraintes naturelles : rythme, horaires, cadre éducatif, règles de vie ensemble, hétérogénéité des besoins individuels et petites chamailleries en tout genre… S’il s’agit de passer l’été en famille élargie avec les parents ou beaux-parents, frères, sœurs, neveux et nièces, cousins, etc., ou avec une sympathique bande d’amis, cela renforce la contrainte en multipliant les dissemblances de fonctionnement, d’opinions et de règles. Qui plus est, on peut se retrouver à « en faire plus » que chez soi pour la bonne gestion du groupe : plus d’intendance, plus de sorties et réceptions, plus d’événements à organiser pour contenter et occuper tout ce petit monde. Pas sûr qu’on réussisse à trouver une heure pour soi, pour courir au bord de l’eau, s’essayer à l’aquarelle ou lire dans un transat. Et encore moins sûr qu’on trouve un espace d’intimité pour soi ou son couple !
Si, au lieu de suivre vos envies, vous vous pliez en quatre pour que votre conjoint ou vos enfants vivent des vacances inoubliables, écoutez en vous la petite alarme qui clignote ! Si vous rêvez d’un doux farniente sur un rivage ensoleillé et que vous êtes en train de soigner vos ampoules sur les chemins de Compostelle sous le regard d’un âne blasé, est-ce parce que quelque chose n’a pas été dit ? Si vous aviez besoin de tranquillité et de respiration, comment se fait-il que vous soyez parti(e) en meute vous noyer dans la foule d’une feria espagnole ? Comment ne pas se retrouver dans la situation de faire le contraire de ce qu’on aimerait faire ? Comment faire plaisir en se faisant plaisir ? Comment respecter ses besoins et les besoins des autres ? Faire plaisir, prendre soin, oui, mais pas jusqu’au sacrifice ! Chercher le compromis, mais sans se compromettre ! Avec une souplesse qui s’applique à soi autant qu’aux autres. L’objectif est de couler des jours agréables avec ceux qui nous entourent. Au risque sinon, de rentrer éreinté, asséché, frustré, envahi et triste tout au fond de soi…
« Moi, c’est simple, explique Isabelle, j’ai dit à mon mari que je voulais bien qu’on fasse cette randonnée en famille mais que je voulais commencer par trois jours de farniente : pas de programme, rien ! ». Il y a un temps pour tout. Peut-être faut-il faire de ses vacances, une succession de temps et d’espaces pour chacun. Pour soi, pour le couple, pour les enfants, pour les autres. Cela implique d’être à l’écoute de soi. Ai-je envie et de quoi ai-je besoin ? Avoir faim (besoin de se nourrir) n’implique pas avoir envie d’une glace pistache-fraise. Avoir besoin de partager des moments de qualité avec les siens, ne signifie pas ne se consacrer qu’à eux ni ignorer ses limites. Repérez vos besoins et communiquez auprès de votre entourage sur vos intentions pour ces vacances d’été !
Oser poser des frontières
Récemment, un couple me confiait avoir du mal à « laisser ses enfants » pour partir en vacances à deux. « Et c’est tellement important de faire des choses en famille ! On adore ça ! », justifiait-il. De son côté, une jeune-femme se plaignait que son mari n’entende pas son besoin de « prendre du temps à deux » et que, pour lui, « les enfants passent toujours en priorité ». Là où les deux adultes d’un couple ont l’opportunité de se retrouver en vacances, de s’accorder du temps et de la tendresse et de s’accommoder ensemble de leurs désirs propres, les mêmes adultes, couple de parents, auront tendance à se fondre dans le désir et l’attente de leurs enfants. Pourquoi serait-ce tout l’un ou tout l’autre ? Au milieu de deux semaines où l’on fait smala en Bretagne, n’y a-t-il pas moyen de s’échapper un week-end tous les deux ? Ou un soir au restaurant ? Ou un après-midi en balade ? Ou le temps d’une partie de tennis ? Ou s’échapper seul, pour un yoga sur la plage ou une heure chaque jour rien qu’à soi ? Il y a bien un « club Mickey » dans les parages ! Au pire, un baby-sitter prêt à se faire grassement rémunérer !
Bien sûr qu’on trouve du bonheur dans les moments partagés avec la jolie famille qu’on a construite et à laquelle on tient tant, à faire des choses ensemble et à trouver du temps commun qui nous file entre les doigts sinon. Bien sûr qu’il y a de la joie dans les effusions d’un groupe, à refaire le monde et à savourer la douceur de vivre. Mais les vacances nous appartiennent aussi en ce qu’elles nous ressourcent et nous repulpent personnellement et repulpent notre vie à deux. Elles sont l’occasion de créer du lien avec soi et avec celui ou celle qu’on aime, lien qui a besoin d’être nourri, stimulé, ou retendu, alors que le reste de l’année, on pare au plus pressé sans forcément en prendre soin. Au milieu du chaos, même joyeux, généré par les vacances en nombre, pensez à vous caler des petites conversations à deux, gourmandes intellectuellement et affectivement. Parlez-vous de l’amour que vous vous portez, de vos projets, de vos victoires et écueils de l’année ou du dernier bouquin que vous avez dévoré. Créez votre bulle et faites-en ce que bon vous semble… Il faut savoir parfois fermer les frontières ! Osez dire à vos enfants, à vos parents, à vos petits camarades, qu’à ce moment-là, vous n’y êtes pour personne. Offrez-vous ce petit cadeau car personne d’autre que vous ne vous l’offrira. Tous les espaces que vous laisserez vides seront remplis, envahis, colonisés, si vous n’y prenez garde. Or, le vide, ça peut faire du bien. Celui qu’on comble de soi, puis où l’on aime et se laisse aimer.
Anne de la Brunière – article publié dans le magazine Com’ sur un plateau n°12 – Juin 2019
Pour poursuivre (dans un transat) :
Voyager en famille, 50 destinations de rêve de Caroline Krauze – Hachette – 2018 – guide
Vacances obligatoires en famille de Valentine de Le Court – Editions Mols – 2015 – roman
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